19 novembre 2018 : Petit déjeuner avec Philippe GENOULAZ, Directeur général de Gerbe

Gerbe : le retour de l’industrie textile à l’ancienne ?

Machines ancestrales, « fait main » et produits haut de gamme : depuis 1904, Gerbe n’a pas changé la recette. Plusieurs fois menacé de disparaître, le fabricant de collants résiste, surtout depuis son rachat par un nouvel actionnaire chinois à la vision pragmatique : la profitabilité à court terme et l’expansion du marché en Asie, sur Internet. Rencontre avec le directeur général de l’entreprise, Philippe Genoulaz.

Gerbe filerait-il des jours heureux ? Le spécialiste du collant, qui emploie aujourd’hui 73 personnes et affiche 4,5 millions de chiffre d’affaires, a de quoi se réjouir. En octobre 2018, le fabricant enregistrait une hausse de 34 % sur le marché français par rapport à la même période, l’année précédente, «alors que, vu la chaleur, ce mois aurait pu être catastrophique ! », souligne Philippe Genoulaz lors d’une présentation devant le Club de l’Audace de Thomas Legrain, le 19 novembre dernier. Pour le directeur général de l’entreprise bourguignonne, cela est le signe, à n’en pas douter, d’un engouement réaffirmé pour la « qualité des collections », et d’un «retour de l’élégance ». Ces chiffres font également écho à la légère embellie du secteur : l’Union des industries textiles l’annonçait cet été, la production textile française a crû de 1,4 % en 2017, tandis que les effectifs de l’industrie textile française ont augmenté pour la première fois depuis 40 ans.

Téléchargez l’article paru dans le Journal Spécial des Sociétés n°91 du 19 décembre 2018, page 16-17

La Maison GERBE PARIS 1904, manufacture de bas et collants, l’Art, l’Audace et la Façon

GERBE PARIS 1904 est une entreprise française créé en 1904 par Stéphane Gerbe, qui hérita en 1897 d’un commerce de mercerie-bonneterie.
Le métier de commerçant ne lui convenant pas, Stéphane Gerbe décide alors de créer à Montceau-les-Mines, où résidait une importante main d’œuvre féminine, sa propre entreprise : la manufacture GERBE, qui est rapidement devenu le leader français du bas et du collant.

Dans les années 1908, Stéphane Gerbe installe des machines à tricoter, se fournit en main d’œuvre auprès des couturières à domicile puis se lance dans la fabrication et investit dans les premiers métiers rectilignes à moteur permettant une fabrication de meilleure qualité.

En 1914, plus d’une centaine d’ouvrières occupent les ateliers des établissements GERBE. Dans les années 1920, la manufacture GERBE se modernise et fait l’acquisition de machines industrielles appelées Métiers COTTON et Métiers BOER. La société emploie alors 350 ouvrières et ouvriers.

En 1936, Stéphane Gerbe passe la main à ses deux fils André et Paul. Ils vont marquer l’ADN de l’entreprise, en compétition avec DIM. Les premiers métiers servant à fabriquer les bas de soie font alors leur apparition et GERBE invente le tout premier bas nommé « Bas Carnation » avec une couture à l‘arrière. Ce produit est toujours disponible et fait encore aujourd’hui la fierté de la maison.

En 1939, la société emploie plus de 500 personnes et devient le plus important producteur français de bas de soie. GERBE crée le fameux « voile 7 » (pour 7 deniers) encore commercialisé à l’heure actuelle.

Jeanne Lanvin, Coco Chanel accompagnent régulièrement André Gerbe jusque dans l’usine. Christian Dior va confier l’exclusivité de la fabrication de ses collants et bas aux établissements GERBE durant 50 ans ! La moitié de la production de la manufacture se fera sous la marque GERBE puis l’autre moitié sera dédiée aux grandes marques dont Chantal Thomass.

Quelques temps après, l’élasthanne fera son apparition et donnera naissance au célèbre bas « Passion » qui fait encore partie de la collection. Puis, en 1980, une révolution va survenir avec l’apparition des collants, c’est le début d’une nouvelle mode. Si GERBE devient le spécialiste du collant, au fil des années, la femme en portera de moins en moins, préférant le pantalon.

Face à un marché qui décroit, la famille Gerbe passe la main, l’entreprise change de propriétaire à trois reprises pour se retrouver de nouveau en vente en 2015 et passer sous fleuron chinois.

Philippe Genoulaz, passionné de savoir-faire d’exception, enthousiasmé par la culture GERBE est alors nommé Directeur Général. La vision de l’actionnaire chinois est claire : GERBE restera une marque française de collants haut de gamme, qui seront vendus au Bon Marché, aux Galeries Lafayette et dans les grands magasins parisiens. La croissance de l’entreprise passera par un rapprochement de la marque GERBE avec les grandes maisons de couture françaises ainsi que par un développement sur le marché chinois.

Pari audacieux que de prendre la direction de GERBE ? Qu’est-ce que l’Audace pour Philippe Genoulaz ? « L’Audace, c’est l’art d’entreprendre ce que les autres pensent impossible ».

Aujourd’hui, même si la filière textile et collants a quasiment disparue en France, la confection chez GERBE PARIS 1904 est encore manuelle. L’entreprise maîtrise totalement sa chaîne de fabrication, sait créer des produits exceptionnels à la demande et les personnaliser. GERBE PARIS 1904 vend des produits à des célébrités dans le monde entier !

Comptant 60 employés à ce jour, la maison GERBE PARIS 1904, emblème de l’excellence du savoir-faire français, porte avec fierté un certain sens du passé teinté de grande modernité avec pour signe distinctif le label « EPV » Entreprise du Patrimoine Vivant.

La maison GERBE PARIS 1904 peut se résumer en trois mots : l’Art, l’Audace et la Façon.