19 mars 2019 : petit déjeuner avec Bruno CERCLEY, PDG du groupe Rossignol

Rossignol : du désastre au renouveau

Venu se confier au Club de l’Audace en mars dernier, Bruno Cercley, PDG de Rossignol, est revenu sur le développement du leader de l’équipement de sport d’hiver, qui après avoir connu des heures sombres au début des années 2000, semble bien remis en piste(s).

« Meilleur retournement d’entreprise internationale », c’est ainsi que l’association TRA, à Chicago, a distingué Rossignol, en 2010, sous la direction de Bruno Cercley, a rappelé Thomas Legrain en guise de préambule devant le Club de l’Audace, réuni chez F-Iniciativas, à Puteaux, en mars dernier.
Pourtant, le PDG du leader mondial de l’équipement de sport d’hiver l’a admis : il est arrivé chez Rossignol « un peu par accident ».
Rien ne le prédestinait en effet à finir dans le ski : au départ, Bruno Cercley suit une formation d’ingénieur aéronautique, puis occupe des fonctions commerciales et de direction générale
dans l’industrie des matériaux chez Owens Corning, Atochem, Saint-Gobain. « Tout ça, avant de me retrouver, en 2002, dans un univers que je ne connaissais pas : le sport », a-t-il raconté.

Téléchargez l’article paru dans le Journal Spécial des Sociétés n°39 du 25 mai 2019, page 12-13

A propos de Bruno CERCLEY :

Après une formation d’ingénieur aéronautique à l’ESTACA, Bruno Cercley a occupé des fonctions commerciales et de direction générale dans l’industrie des matériaux, notamment chez Atochem et Saint-Gobain avant de rejoindre Rossignol en 2002, groupe que tout le monde connait avant tout comme étant le leader mondial de l’équipement de sport d’hiver. A cette période il a été successivement Directeur Général puis Président du Directoire du groupe.

Pour la petite histoire, Rossignol est une entreprise qui a été créée en 1907 par Abel Rossignol, artisan à Voiron. Il fabriquait ses skis en bois massif. Une origine assez semblable à celle de son concurrent Salomon qui a été créée 40 ans plus tard par Georges Salomon dans un atelier à Annecy.

Si Rossignol et Salomon ont dominé le marché mondial des sports d’hiver elles ont connu les mêmes difficultés dans les années 1990, des difficultés liées notamment à l’essor de la location.
A partir de là les deux entreprises ont souvent changé de propriétaires. Salomon a été racheté par Adidas en 1997 puis par le finlandais Amer Sport avant d’être repris début 2019 par un consortium mené par les groupes chinois Anta Sports, spécialisé dans les vêtements de sport et le géant de la tech Tencent.

En ce qui concerne Rossignol, en 2005 le groupe a été vendu à Quiksilver avant d’être remis en vente en 2008 et racheté la même année par un consortium « Chartreuse et Mont Blanc » que Bruno Cercley dirigeait et auquel participaient la banque australienne Macquarie et le groupe industriel américain Jarden. Les actionnaires ont encore changé par la suite. Le fonds norvégien Altor a pris le contrôle du groupe. Bruno Cercley a également fait entrer le fonds de Domenico de Sole et Tommy Hilfiger qui l’accompagne dans le développement de la branche textile. En 2018, il a accueilli au capital de l’entreprise le fonds chinois IDG Capital à hauteur de 20%, un fonds très connu qui détient des participations dans l’équivalent des Gafa en Chine (Tencent, Baidu, …) et qui possède également 20% de l’Olympique Lyonnais. Ce fonds est un allié de poids pour permettre à Rossignol de partir à l’attaque du marché chinois, sachant que Bruno Cercley s’est fixé d’y faire 100 millions d’euros de chiffre d’affaires au bout de 5 ans.

En tant que PDG, Bruno Cercley a réussi à redresser le groupe avec un grand succès. Sous sa direction, Rossignol a d’ailleurs été distingué « meilleur retournement d’entreprise internationale » en 2010 par la « TMA », une Association, basée à Chicago qui regroupe plus de 9 000 professionnels dans le monde.

Aujourd’hui le groupe possède de nombreuses marques puisqu’au-delà des sports d’hiver, Bruno Cercley a souhaité élargir l’offre avec des produits d’été et développer l’entreprise dans d’autres secteurs comme le vélo haut de gamme ou le prêt à porter chic. Les marques du groupe sont Rossignol, Rossignol Apparel, Dynastar, Lange, Look, Kerma, Risport, Time, Raidlight, Vertical, Felt, Dale of Norway.

Rossignol a contribué au lancement du label « Origine France Garantie » avec l’association « ProFrance », présidée par Yves Jégo. Ce point est important dans la mesure où Bruno Cercley a toujours été très attaché à cette vision du « fabriqué en France », ce qui l’a d’ailleurs amené à rapatrier une partie de la production qui se faisait à Taiwan.

Si on retiendra parmi les priorités stratégiques du PDG la diversification du groupe sur les produits d’été, la conquête du marché chinois et l’attachement qu’il a au « made in France », il convient de mettre en avant le développement du digital dans l’entreprise. En effet, Bruno Cercley a une stratégie ambitieuse qui le pousse à aller conquérir de nouveaux clients en s’appuyant sur les réseaux sociaux et en étant particulièrement innovant et audacieux, notamment en développant des applications comme Ski Pursuit (une application qui compte aujourd’hui 101 474 membres qui ont parcouru 2 421 013 kilomètres représentant 29 953 709 heures de ski). Le groupe compte 412 729 fans sur Facebook, ce qui est très proche de l’objectif de 500 000 fixé par le patron.
Bruno Cercley est membre du comité exécutif du Medef Isère, conseiller de la Banque de France et administrateur de l’ESTACA.
Il est également parrain de l’association « Sport dans la Ville » à Grenoble.