22 mars 2018 : petit-déjeuner du Club de l’Audace avec Bernard CAIAZZO, Président du Conseil de Surveillance et actionnaire principal de l’AS Saint-Etienne ; Vice-président de la Ligue de Football Professionnel (LFP)
Le président de Première Ligue défend un « virage économique du football français »
Reçu par le Club de l’Audace en mars dernier, Bernard Caïazzo a déclaré se battre pour un football « économiquement plus compétitif ». Fiscalité française paralysante, enjeu des droits TV et trading joueurs à son apogée : le président du conseil de surveillance de l’ASSE (Association sportive de Saint-Étienne), également président de Première Ligue, a livré sa vision de ce qui freine et de ce qui booste l’économie du foot français.
« Le succès est éphémère… Encore plus dans le domaine du foot. Par rapport à une entreprise, tout va très vite : le résultat d’un week-end peut être déterminant, et l’on doit savoir gérer cela, car il y a forcément des crises dans une saison. Il faut anticiper, et être assez expérimenté pour passer ce cap, sinon on ajoute une crise à la crise », a philosophé Bernard Caïazzo, invité par le Club de l’Audace en mars dernier.À la clairvoyance, doit s’ajouter une bonne dose d’innovation pour alimenter la réussite d’un club, a par ailleurs souligné le président du conseil de surveillance de l’ASSE. Ce dernier prône ainsi le développement d’une forte dimension R&D, afin de rechercher quelles peuvent être les meilleures pratiques de préparation physique, de recrutement, de marketing ou encore de communication.
Téléchargez l’article paru dans le Journal Spécial des Sociétés n°49 du 7 juillet 2018, page 12-13
A propos de Bernard CAIAZZO :
Bernard CAIAZZO est né à Alger. Dès l’âge de 8 ans, il se passionne pour le football. Il dira « J’ai appris la géographie dans France Football en lisant les classements des championnats étrangers quand j’étais gosse ».
Il fait l’ESSEC. Durant ses études il a été à la Junior Entreprise. A sa sortie de l’école, il a d’abord travaillé à New York, où il a appris les métiers du marketing.
Il s’est ensuite associé avec Jean-Pierre SCOTTI pour créer Phone Marketing en 1980. Très vite leur entreprise est devenue une référence dans le domaine des call center et ils ont travaillé pour de très grandes entreprises parmi lesquelles Peugeot, BNP, IBM, Xerox, Mercedes ou encore Canal+
En parallèle, il a été le précurseur de nombreuses innovations dans le domaine du sport. En 1983, il invente le système des loges, qu’il met en place, pour la première fois, au Parc des Princes, à Paris. Il prolongera cette expérience dans de nombreux stades (La Beaujoire à Nantes ou le Parc Lescure à Bordeaux , y compris lors des rencontres de l’équipe de France, en 1986.
Pour parvenir à ses fins, il utilise les atouts du télémarketing. Ainsi, grâce notamment à un partenariat avec Michel PLATINI qui avait pré-enregistré un message pour l’occasion, il loue les loges aux entreprises. Il collabore de nouveau avec Michel PLATINI pour le lancement du magazine Mondial. Le magazine sera vendu à Canal+ qui le cédera ensuite au Groupe Lagardère.
En 1989, avec Jean-Pierre SCOTTI il revend Phone Marketing. Il achète alors la concession publicitaire et marketing de l’OM à Bernard TAPIE, de 1992 à 1994. Il participe indirectement à l’aventure de la Ligue des Champions, jusqu’à la finale 1993 contre le Milan AC, à Munich, au cours de laquelle l’OM devient le premier club français sacré champion d’Europe. A la suite de l’affaire OM-VA, il doit cesser cette activité. Bernard TAPIE lui suggère de reprendre la présidence du club. Mais, après avoir procédé à un audit des comptes et analysé la situation, il refuse la proposition.
Il se fixe ensuite un nouvel objectif : le développement du groupe Call Center Alliance qu’il a créé en 1994, dont l’activité concerne les centres d’appel. Le groupe a compté plus de 5 000 collaborateurs, faisait plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et a été coté en bourse fin 2001.
Plusieurs fois il tentera de prendre la tête de l’AS Saint-Étienne. Au printemps 2003, il fait une offre au propriétaire Alain BOMPARD, qui la refuse. En décembre 2003, il entre officiellement dans le capital du club en s’associant à Jean-Claude PERRIN et Thomas SCHMIDER. En 2003-2004, suite à des différents au sein de la direction, Thomas SCHMIDER vend ses parts et quitte la présidence du Club.
Il devient alors en juin 2004, le 17ème président de l’ASSE. En juillet 2004, il rachète les parts de Jean-Claude PERRIN, en conflit avec la mairie de Saint-Étienne. Il devient alors le seul maître à bord.
Afin d’avoir les coudées franches dans l’exercice de ses nouvelles responsabilités, tout en restant un actionnaire légèrement majoritaire, il s’associes avec Roland ROMEYER.
Engagé au plan national, il est nommé vice-président de l’Union des Clubs Professionnels Français en 2006 et vice-président de la Ligue de Football Professionnel. Deux ans plus tard, il devient président du Collège Ligue 1 de l’UCPF, chargé d’animer la réflexion de l’ensemble des clubs sur les sujets majeurs du football professionnel.
Accaparé par ses multiples activités au sein du football français, il n’a plus le temps nécessaire pour diriger sa société. Il décide d’en abandonner la gestion tout en demeurant président du conseil d’administration. Il cède une partie de ses parts fin 2005. En 2008, il finit par vendre sa société à la banque Lazard, préférant se consacrer exclusivement à sa passion.
Un nouveau fonctionnement prévaut à la tête de l’AS Saint-Etienne : il devient président du conseil de surveillance, chargé des relations extérieures avec les instances du football et avec les partenaires économiques, et Roland ROMEYER est intronisé président exécutif, poste qui lui permet de concentrer son action sur la gestion au quotidien.
D’abord ville remplaçante pour accueillir des matchs de l’Euro 2016, Saint-Étienne est retenue officiellement, grâce en particulier à l’intervention de Michel PLATINI, président de l’UEFA et ancien Vert. La rénovation du stade Geoffroy-Guichard, engagée dès 2012, permet de rassembler, désormais, 42 000 personnes. En coordination avec Roland ROMEYER, il définit un plan à trois ans avec, pour objectif, que l’ASSE devienne un club régulier du top 5 de la Ligue 1.
2013 consacre la meilleure année de l’ASSE depuis plus de 30 ans : le club termine 5ème du championnat de France et remporte la Coupe de la Ligue. Le dernier succès national du club datait de 1981, avec le titre de champion de France.
L’ASSE poursuit sa marche en avant avec le lancement du musée des Verts en décembre 2013 qui marque la volonté d’honorer les anciens joueurs qui ont contribué à la grande et longue histoire du club.
Le projet 2014-2016 repose sur le stade rénové de 42 000 places, financé en grande partie par Saint-Etienne Métropole et sur un centre d’entraînement moderne. Dans cette phase de montée en puissance, il se donne pour mission de produire de nouvelles idées pour le développement de l’ASSE. Le projet 2014-2016 connaît une belle réussite. Sur cette période le club obtient la quatrième place de la Ligue 1, derrière PSG, Lyon et Monaco, clubs dont les budgets sont bien plus élevés.
Avec l’appui d’autres présidents qui ne supportent pas de voir le championnat de France à la traîne par rapport à ses principaux voisins européens, il mène une bataille sans relâche pour la modernisation du football français. Depuis sa nomination de président du Collège de Ligue 1 au sein de l’UCPF, il ne cesse de dénoncer, au sein de la LFP, les handicaps qui frappent la Ligue 1 :
– Charges trop élevées par rapport aux autres championnats étrangers,
– Niveau de ressources inférieur,
– Absence de dialogue avec les supporters,
– Vision du jeu pas assez offensive,
– Ingérence du politique,
– Absence de réformes profondes.
Ce combat inlassable aboutit à la création d’un nouveau syndicat en septembre 2015 : Première Ligue, dont il devient le président, qui réunit dix-neuf clubs de Ligue 1. Il entraîne une réforme de la gouvernance de la LFP et débouche sur la démission de son président, Fréderic THIRIEZ.
En juin 2016, il organise, à Cannes, la première Convention du Football professionnel. Plus de 200 dirigeants du football français y participent. Ils ont notamment l’occasion d’écouter, pendant deux jours, les exposés des représentants de la Premier League anglaise et de la Bundesliga allemande. Une grande première qui s’avère être un franc succès, grâce à la qualité des conférences et des débats, et à la prise de conscience générale de l’impérieuse nécessité du changement. Avec sa double « casquette » nationale et stéphanoise, il déclare : « Mon travail vise à faire grandir la part du gâteau de la France dans l’Europe du football. Celui de Roland ROMEYER est de faire grandir la part du gâteau de l’ASSE dans la France du football. Et plus la France obtiendra une grosse part, plus l’ASSE se développera … ».
Pour en savoir plus, téléchargez la plaquette de l’AS Saint Etienne : cliquez ici.