8 février 2016 : petit-déjeuner du Club de l’Audace avec Olivier LEGRAIN, ex PDG de Materis, psychothérapeute de la médecine du travail

Le 8 février 2016, Olivier Legrain est intervenu dans le cadre du Club de l’Audace, pour partager avec les membres présents son parcours de vie.

Il y a un an, il troquait son poste de Président Directeur Général du groupe Materis (11 000 employés, 2,3 milliards d’Euros de chiffre d’affaires) contre un titre de psychothérapeute de la médecine du travail. Cette reconversion professionnelle hors du commun nous amène à nous poser plusieurs questions. Comment Olivier Legrain est-il passé de l’industrie à la psychothérapie ? Qu’est-ce qui a motivé un tel changement de vie ? Pour mieux comprendre un tel choix il suffit d’écouter Olivier Legrain.

En 1968, alors âgé de 15 ans, Olivier Legrain est étudiant au lycée Buffon où il suit un enseignement politique de gauche fortement influencée par Mao et Lénine. De là va naitre une certaine passion pour la politique, qui sera prolongée par l’adhésion au parti jusqu’à l’affaire « Soljenitsyne », qui l’amène à mettre de côté son militantisme, tout en conservant ses convictions. Ce sera la première vie d’Olivier Legrain.

Dans les années 80, après avoir fait ses classes préparatoires au Lycée Louis Le Grand, Olivier Legrain devient ingénieur civil des Mines et est diplômé de l’Ecole Nationale des Statistiques et de l’Administration Economique(E.N.S.A.E). Dès lors, sous les conseils de son père, il décide de rejoindre Rhône-Poulenc (devenu quelques années plus tard Rhodia), où il est confronté très jeune à des responsabilités managériales importantes. A travers cette expérience, qui fut aussi une formation pour lui, Olivier Legrain découvre à la fois la stratégie et l’importance du facteur humain en entreprise. Il progresse rapidement dans la hiérarchie et est amené à quitter le groupe Rhône Poulenc en 1994 pour rejoindre Lafarge l’année suivante.

Lafarge lui confie alors la stratégie et le développement du pôle second-œuvre. Quelques années plus tard, cette expérience devient un tremplin vers son indépendance et Olivier Legrain choisit de quitter Lafarge pour accompagner le spin-off Materis, entreprise présente dans le secteur des « matériaux de spécialités ». Il prend le poste de PDG de Materis.

Les 15 années passées à la tête de Materis furent pour Olivier Legrain « les plus belles de sa vie ». Il a pu diriger et développer sans contraintes, l’entreprise n’étant pas cotée en bourse. Cette aventure a duré jusqu’à ce que la crise des « subprimes » survienne, touchant non seulement l’immobilier mais aussi les entreprises en lien avec ce secteur. Olivier Legrain et Materis ont réussi à faire face à la crise convaincus que « ce qui ne tue pas rend plus fort ». L’entreprise a profité d’un apport de fonds important ainsi que de l’implication extrêmement forte des 850 actionnaires et des 11 000 employés. Cependant, même si l’entreprise était prometteuse et allait faire son entrée en bourse, elle fut stoppée dans son élan par l’actionnaire majoritaire qui n’a pas souhaité réaliser l’introduction en bourse. Dans ce contexte particulier, Olivier Legrain décide de vendre Materis par appartements avant de démarrer une troisième vie, après la politique et l’entreprise : la psychanalyse.

La psychanalyse fait son apparition dans la vie d’Olivier Legrain dans les années 80, dans un contexte personnel marquant. Le rapport à l’humain a toujours été au cœur de sa pensée, que ce soit au niveau personnel ou dans sa manière de manager en entreprise. Il perçoit son départ de Materis comme une nouvelle opportunité pour se consacrer à l’humain et à son nouveau métier de thérapeute.

Dans ce nouveau costume, Olivier Legrain cherche à aider les autres. Améliorer la place de l’individu dans les entreprises ou la société civile est désormais de qui l’anime. Ce choix de vie lui a valu le sacrifice de son ancien titre, avec tout ce qu’il représente comme avantages et privilèges. Régulièrement, lorsqu’il annonce son nouveau métier, il est fui par ses anciens alter egos qui sont toujours à la tête de grandes entreprises. S’il regrette cette attitude, il en prend son parti. Son seul regret est d’avoir perdu la réflexion stratégique attachée au poste de dirigeant d’entreprise ainsi que la gestion de projets collectifs. Ces deux éléments caractéristiques de sa vie antérieure sont un réel manque et il lui faudra certainement un temps d’adaptation assez long pour passer de la gestion de 11 000 employés à l’accompagnement d’une personne à la fois.

Cette notion de « bonheur absolu » que tout le monde recherche, Olivier Legrain la vit en aidant les gens et en les accompagnant dans leurs évolutions et dans leurs réalisations d’eux-mêmes. Voici comment un homme a conjugué esprit entrepreneurial et humanisme pour finalement … se réaliser lui-même.

A propos d’Olivier Legrain

Ingénieur Civil des Mines et diplômé de l’Ecole Nationale des Statistiques et de l’Economie (ENSAE), Olivier LEGRAIN intègre en 1986 le groupe Rhône-Poulenc en tant que directeur d’exploitation de la division Produits Chimiques, pour devenir en 1990 Directeur général adjoint de la division « Chimie de Base ». Et Enfin en 1991, il devient Directeur général adjoint du secteur intermédiaire organique et minéral.
En 1994, il entre dans le Groupe Lafarge en tant que Directeur général adjoint et membre du comité exécutif, jusqu’à se voir confier en 1997 la coordination stratégique du groupe.
En 2000, Olivier LEGRAIN choisit l’indépendance pour accompagner les équipes de Materis. En tant que Président du Conseil d’Administration et Directeur général.
En 2015, il quitte le groupe pour devenir psychothérapeute de la médecine du travail.
Une reconversion professionnelle étonnante qu’il a partagée avec les membres du Club de l’Audace.