11 avril 2012 : petit-déjeuner du Club de l’Audace à l’Assemblée nationale avec Jean-Claude VOLOT, commissaire général à l’internationalisation des PME et ETI et président de l’APCE

Jean-Claude Volot, Commissaire général à l’internationalisation des PME ET ETI, Médiateur des relations interentreprises, et Président de l’APCE, nous a fait l’honneur d’intervenir lors du petit déjeuner du Club de l’Audace sur le thème : « Comment amener nos PME et ETI industrielles à exporter ? Comment développer des stratégies à l’international ? Les réponses du Commissaire général à l’internationalisation des PME et ETI. »

Intervention de Jean-Claude Volot
Jean-Claude Volot a tenu à débuter son intervention en rappelant que la France a connu depuis 6 ans une explosion de la création d’entreprises, en partie grâce au statut d’auto-entrepreneur. Comme il l’a souligné, « La France rattrape son retard ». Les entreprises françaises qui exportent réalisent 2,6 fois plus d’exportations que les entreprises allemandes. Il ne faut pas oublier que notre pays est le 5ème exportateur mondial.

Malgré ces progrès, en 10 ans, 15 000 entreprises qui exportaient ont été détruites. 35% des PME et ETI performantes (qui innovent et exportent) sont vendues. Ceci fait de la France le premier marché européen de vente d’entreprises. Or éviter ces ventes permettrait de maintenir les capacités d’innovation propres aux PME et ETI. Les raisons de ce phénomène sont claires pour Jean-Claude Volot : les entrepreneurs font face dans notre pays à une « insécurité absolue fiscale et sociale », qui fragilise le modèle des entreprises patrimoniales.

En effet, les PME et ETI, qui sont les plus aptes à durer grâce à ce modèle, rencontrent beaucoup de difficultés dans la gestion des successions. Nicolas Sarkozy – et avant lui Lionel Jospin – a instauré une Exit tax qui empêche la possession d’un tel patrimoine en France.

Il existe trois problèmes dans le processus d’internationalisation des entreprises :

  • Les exportations, qui permettent aux entreprises de gagner de nouveaux marchés à l’extérieur,
  • Les achats internationaux (d’entreprises, de brevets…) qui augmentent le savoir-faire des entreprises,
  • Les implantations à l’étranger, qui augmentent les exportations des unités françaises de production.

Pour y faire face, huit structures accompagnent les entreprises :

Les structures qui accompagnent les entreprises doivent analyser stratégiquement leur mission et les besoins des entreprises françaises. En adoptant un comportement entrepreneurial, elles apporteront des résultats concrets et des solutions efficaces.

Dans leur processus de croissance, les entreprises françaises doivent faire face à de nombreux obstacles. Très souvent, les structures qui atteignent 100 salariés créent leur propre département Recherche & Développement (R&D), et c’est aussi à ce moment-là qu’elles « passent à l’acte d’exportation », selon l’expression de Jean-Claude VOLOT. Le lien fort qui unit innovation et exportation est donc évident. Pourtant, la France est championne des entreprises de 49 salariés. Pour quelle raison ? Dépasser le seuil de 49 salariés génère des coûts très importants. Une modification des seuils en entreprise permettrait d’embaucher et de créer de la richesse. Ce thème n’est pas abordé depuis le début de la campagne présidentielle, alors qu’il fait partie des solutions simples et efficaces pour augmenter l’emploi dans notre pays. A ceux qui accuseraient cette idée d’être libérale, Jean-Claude Volot rétorque : « Je ne suis pas un ultra libéral, je suis un Français plein de bon sens ».

Les responsabilités de la situation actuelle des entreprises françaises n’incombent pas seulement au pouvoir politique. Les entrepreneurs manquent d’ambition : « L’entrepreneur français, c’est celui qui a construit son pavillon de banlieue, et qui se dit : ‘’Ca me suffit’’. » Ce rapport  à l’entrepreneuriat provient de la philosophie et de la culture de notre pays : les entrepreneurs restent trop souvent cantonnés à l’idée que leur seul marché est la France. « Les entrepreneurs français pêchent dans une flaque d’eau, alors que la mer est dans leur dos. » Partant, il faut faire progresser les entrepreneurs pour faire avancer les entreprises.

Selon Jean-Claude Volot, nombre d’entreprises se plaignent des banques. Comment interpréter cela ? D’un part, elles ne font pas souvent appel aux solutions qui leur sont proposées, notamment celle de la saisine du Médiateur du crédit aux entreprises. D’autre part, les syndicats et les fédérations d’entrepreneurs ne communiquent pas suffisamment sur les outils qui existent, au point que Jean-Claude Volot estime qu’ « ils ne font pas leur travail d’information. »

La réforme qu’il faut amorcer sur les comportements et la culture de l’entrepreneuriat ne rentre pas dans le temps politique : il s’agit du temps des mentalités et des représentations. Il faudra certainement plusieurs ministres, plusieurs gouvernements et bien plus d’un mandat présidentiel pour parvenir aux résultats espérés. Les discours politiciens à court terme qui proposent d’agir au niveau macro-économique oublient qu’il est important d’agir aussi au niveau de chaque entreprise, auprès de chaque entrepreneur. Le Commissariat général à l’internationalisation des PME et ETI, soutenu par les patrons du CAC40, préconise d’agir à ces deux niveaux, pour générer des « micro-actions qui auront des macro-effets. »
Le Commissariat général mène actuellement en Picardie un projet en partenariat avec le Conseil régional. Il s’agit de créer une école de formation des dirigeants d’entreprise à l’internationalisation. La formation des chefs d’entreprises aux méthodes de gestion du processus d’internationalisation est un thème incontournable si l’on veut donner aux entrepreneurs toutes les chances de réussir l’intégration dans les marchés étrangers.

Quelques interventions marquantes des invités :

  • La culture française impose une limite philosophique à l’entrepreneuriat. La barrière de la langue – notamment la faible maîtrise de la langue anglaise – est-elle aussi un autre obstacle de notre culture ?

Réponse de Jean-Claude Volot – La barrière de la langue peut devenir un problème, mais elle peut facilement être surmontée en faisant appel à des interprètes. Maîtriser l’anglais est certes utile, mais si l’on exporte en Chine, en Indonésie, en Amérique du Sud, les partenaires commerciaux que l’on y rencontre ne parlent pas forcément d’autre langue que la leur.

  • Peut-on regretter l’absence de formation juridique et économique au lycée ?

Réponse de Jean-Claude Volot – L’Education nationale a certes ses limites, mais elle ne doit pas être opposée au monde de l’entreprise. Les entreprises elles-mêmes doivent s’ouvrir aux enseignants et à la formation alternée. Souvent, les grandes entreprises industrielles se plaignent du manque de personnel qualifié. Combien de jeunes en formation ont-elles accueillis ? Ont-elles essayé de collaborer avec l’Education nationale pour créer des programmes adaptés au marché actuel ? Les entreprises ont une responsabilité dans la formation, celle-ci n’incombe pas seulement à l’Ecole. Les enseignants s’inquiètent du chômage de leurs élèves. Face à ce constat, le Commissariat général, l’APCE et tous ses partenaires ont mis en place des programmes d’apprentissage du travail en projet et de la vie entrepreneuriale à l’Ecole. Aujourd’hui, 25 établissements testent ces outils de la 6ème à la Terminale.

  • La culture française concernant l’entrepreneuriat sera difficile à changer. Un seul exemple de nos mentalités : notre pays s’est doté d’une « Equipe de France de l’export », encore faudrait-il que les membres qui la composent aient envie de jouer ensemble. En France, les grandes entreprises travaillent avec ceux qu’elles nomment les « sous-traitants » ; en Allemagne, on parle de « co-traitants » : encore un exemple de la mentalité nationale. Il faut que la volonté de changement parte aussi des entreprises, qui doivent s’ouvrir à la nouvelle jeunesse française impatiente de découvrir le monde grâce aux Volontariats Internationaux en Entreprise (VIE) et pour qui « le monde est un village. »

Biographie de Jean-Claude Volot

Ingénieur de formation, chef d’entreprise, fondateur et repreneur de vingt-quatre sociétés différentes (PME et ETI), Jean-Claude Volot a été Médiateur délégué à la Médiation du crédit puis Chargé de mission auprès du Ministre de l’Industrie et du Ministre de l’aménagement du territoire pour l’évaluation du dispositif des commissaires à la réindustrialisation.
Jean-Claude Volot dirige l’action de plusieurs missions complémentaires, toutes destinées à soutenir et favoriser la compétitivité des entreprises françaises. Sa réflexion et son action visent à améliorer l’environnement des entreprises afin d’accélérer en particulier la croissance des PME et des ETI, qui sont des gisements futurs d’emplois et de ressources.
Ses différentes missions sont les suivantes :

  • Il occupe la fonction de Médiateur national des relations interentreprises (depuis avril 2010),
  • Il est Commissaire général à l’internationalisation des PME et ETI (depuis décembre 2011),
  • Il est également Président de l’Agence pour la création d’entreprises (APCE),
  • Parallèlement à ces fonctions, Jean-Claude Volot met son expertise au service de l’action du Commissariat général à l’investissement. Enfin, il est membre du conseil de surveillance du Fonds de Consolidation et de Développement des Entreprises (FCDE).

Ces missions s’inscrivent elles-mêmes dans le cadre plus général de la mobilisation des services de l’État pour soutenir les entreprises, notamment les PME et les TPE, dans les territoires, mobilisation à laquelle participe Jean-Claude Volot aux côtés de René Ricol, à qui le Premier Ministre a confié le rôle d’animation et de veille au niveau national.
Après avoir racheté et réhabilité l’abbaye d’Auberive (Haute-Marne) en 2005, Jean-Claude Volot y a installé le centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive. Il se définit comme un « militant de l’art contemporain. »