13 juin 2014 : petit-déjeuner du Club de l’Audace avec Jean-François JULLIARD, Directeur général de Greenpeace France

Le Club de l’Audace a accueilli Jean-François JULLIARD, Directeur général de Greenpeace France, ce vendredi 13 juin 2014 pour débattre de : « Le rôle des ONG dans la transition énergétique ».
Un échange très intéressant.

Le 13 juin, Jean-François Julliard, journaliste, Secrétaire général de Reporters sans frontières de 2008 à 2012 et Directeur général de Greenpeace France depuis 2012, s’est exprimé sur le rôle des ONG dans la transition énergétique.

Alors que la transition énergétique apparaît pour beaucoup comme un simple choix énergétique, le Directeur Général de Greenpeace France affirme qu’au contraire, celle-ci s’avère être un véritable choix de société. Ce sont les modes de consommation, de déplacement et de travail qui doivent être modifiés. En un mot, nos modes de vie.
Pour ce faire, Greenpeace se fixe pour objectif à long terme, à l’horizon 2050, de mettre en place une révolution capable de réconcilier l’Homme et la Planète.
Jean-François Julliard met en avant trois objectifs majeurs pour son association : réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre, sortir du nucléaire et éviter de créer de nouvelles tensions environnementales.

A partir de ce constat, deux évolutions sont nécessaires. D’une part, maîtriser la demande en énergie, d’autre part, faire un choix entre énergie du passé (énergie fossile) et énergies du futur (énergie renouvelables).

La transition énergétique est plus que jamais à l’ordre du jour. En tant que président du Sommet de la COP (Conférence des Parties) qui se tiendra à Paris l’an prochain, Laurent Fabius est très attendu sur la question des accords à mettre en place dans le cadre de la limitation des émissions de CO2.
Comme l’affirme Jean-François Julliard, seule la transition énergétique permettra au continent européen d’assurer son indépendance énergétique, d’autant plus qu’elle est une véritable source d’emplois (construction, bâtiment, ingénierie…) et pourrait être une solution manifeste en cette période de crise économique.

Toujours pas de loi impliquant la France dans la transition énergétique
La transition énergétique doit se faire à différents niveaux. Tout d’abord à l’échelle nationale, comme le Président François Hollande le préconisait en 2012, il est nécessaire de diminuer d’au moins 15 % la production d’électricité d’origine nucléaire. Bien que celle-ci soit indispensable et alors qu’un débat semble engagé depuis un certain temps, il n’existe toujours pas de loi impliquant la France dans la transition énergétique. C’est un retard de plus par rapport à nos homologues européens. A l’échelle communautaire, il est nécessaire d’établir une trajectoire pour 2030, et surtout, de donner de l’ampleur à nos ambitions environnementales. De plus, les coûts de production des énergies fossiles ne cessent d’augmenter, contrairement à ceux des énergies renouvelables, qui diminuent. Leur compétitivité s’égalise progressivement, preuve d’une potentielle inversion des courbes des coûts à l’avenir. Ainsi, le coût de mise aux normes d’un réacteur est actuellement estimé à quatre milliards d’euros par unité.
Aujourd’hui, le choix est donc cornélien. Faut-il se conformer aux normes de sécurité et faire face à une hausse des prix de l’électricité, ou bien maintenir les prix au détriment de la sûreté du parc nucléaire français ?

Se faire entendre, refuser la paralysie politique actuelle
Le blocage est avant tout politique. Les différences de fonctionnement entre énergies fossiles et énergies renouvelables se trouvent au niveau de la production. L’une relève d’un système fortement centralisé qui empêche toute tentative de changements, contrairement à l’autre, qui ouvre le champ des possibilités.
Pour contrer cette paralysie politique, Greenpeace coopère dorénavant avec d’autres ONG et constitue ainsi une forme de contre-pouvoir, mais aussi d’informateur et de conseiller auprès des décideurs. L’expertise de Greenpeace est produite soit par des cabinets indépendants, soit par ses propres services. La dynamique de collaboration entre ONG permet d’aboutir à des propositions communes, dont la crédibilité et la légitimité se trouvent renforcées.

Selon Jean-François Julliard, à l’heure où la préoccupation des politiques pour la question énergétique et les dynamiques de concertation apparaît inexistante, les actions radicales – mais conscientes- demeurent le seul moyen de se faire entendre des décideurs et d’éveiller un temps soit peu les consciences, quant aux failles de salubrité et de dialogue, inhérentes à la question de la transition énergétique.

Ce second mode d’action, Jean-François Julliard l’apparente presque à la désobéissance civile de Gandhi ou Mandela.
Peut-être est-ce l’espoir que, comme avec eux, le changement aura bel et bien lieu.
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