14 février 2012 : petit-déjeuner du Club de l’Audace à l’Assemblée nationale avec Xavier BEULIN, président de la FNSEA

Intervention de Xavier Beulin
Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, nous a fait l’honneur d’intervenir lors du petit déjeuner du Club de l’Audace sur le thème: « Concilier compétitivité et développement durable : un enjeu pour l’ensemble de la filière agricole. »
Xavier Beulin a, en premier lieu souligné que la filière agricole n’était pas qu’une seule composante mais qu’il fallait y inclure l’agrofourniture et l’agroalimentaire.

Contrairement aux idées reçues l’agriculture, l’agro alimentaire, la pêche et la forêt représentent un poids économique très important soit 240 milliards d’euros de chiffre d’affaires (2,5 fois le secteur automobile) et 3,5 millions d’emplois directs (source INSEE en 2009) soit 15% de l’emploi total. L’agriculture est donc un secteur très porteur pour faire face à la crise.
Dans le cadre du G20 version 2011 la sécurité alimentaire était au cœur des discussions internationales avec 3 décisions :

  • Mettre en place un système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) ;
  • Produire plus et mieux ;
  • Repenser la gestion interannuelle pour avoir des stocks tampons et éviter une gestion à court terme.

La PAC, elle sera étroitement conditionnée par les décisions sur le budget de l’Union Européenne. La réforme proposée par la commission devrait quant à elle entrer en vigueur au 1 janvier 2014.
Plusieurs points de discussion :

  • Une volonté très forte de verdir la PAC : c’est-à-dire conditionnaliser les soutiens à des mesures coercitives et contraignantes telles que le retrait de 7% de terres arables par exploitation ou l’obligation de pratiquer au mois 3 cultures ;
  • La problématique de la gestion de marchés : quels seront demain les outils d’intervention communautaire pour gérer crises et risques ?

Xavier Beulin invite l’Etat à se mobiliser sur la compétitivité de l’agriculture française. Il suggère de transférer la part familiale des charges patronales vers la TVA « car seule la baisse du coût du travail nous fera regagner cette compétitivité que nous avons perdue alors que nous étions le leader européen ».
Il aborde également les relations difficiles entre l’agriculture et l’environnement et propose une écologie responsable, raisonnée (rigoureuse et scientifique) et concertée « nous avons des outils et des moyens pour sortir des schémas classiques ». Il demande que soit reconnue la diversité de l’agriculture française et précise que le bio et le circuit court ne sont pas les seules alternatives. Il incite au développement de la compétitivité par le coût du travail, l’innovation et la recherche.

Xavier Beulin précise qu’il serait temps que l’on reconnaisse que l’agriculture, avec son amont et son aval, est un secteur économique à part entière.
L’amont et l’aval doivent avoir des relations plus contractuelles et matures et s’affranchir de l’Etat afin que les décisions soient prises entre eux et non par un tiers.
A la question « dans le monde agricole sommes-nous toujours intéressés par des producteurs locaux ? » Xavier Beulin répond qu’il est difficile d’avoir des approches trop segmentées. L’idée de laisser les grands pays produire pour tous est obsolète, il faudrait créer des sous-ensembles mondiaux qui incluraient synergies et complémentarités.
Pour conclure on ne peut dissocier croissance durable et stratégie. Il faut rassembler le plus grand nombre. L’innovation est trop souvent refusée au monde agricole. Il est très difficile de faire cohabiter la diversité et les clichés. Nous devons donc nous efforcer de mieux communiquer sur les pratiques agricoles auprès du grand public.

Biographie de Xavier Beulin

Xavier Beulin, homme pressé, enchaîne les réunions, toujours entre Paris et le Loiret, ou il dirige en famille une exploitation de céréales, lait et asperges. Il a une vraie passion pour la Tunisie.
Le 16 décembre 2010, à 52 ans et avec pour seul diplôme un permis moto, il a été élu par 36 voix contre 31, à la présidence de la puissante FNSEA.
Une petite révolution, c’est la première fois qu’un céréalier accède à cette place, tenue depuis 56 ans par des éleveurs.
Son ascension fulgurante a débuté brutalement à 17 ans, à la mort de son père. Il interrompt sa terminale pour reprendre l’exploitation familiale de Donnery, dans le Loiret. Dix ans plus tard, le voici déjà président du centre départemental des jeunes agriculteurs.
Son projet ? Prôner la contractualisation, la négociation, plutôt que l’affrontement syndical. Sortir de la dépendance vis-à-vis de Bruxelles. Structurer les filières et renouer avec la compétitivité. « On a des atouts, et aucun handicap insurmontable. Les paysans seront respectés s’ils savent s’imposer sur les marchés. »