20 mars 2012 : petit déjeuner du Club de l’Audace au Sénat avec Jean-François ROUBAUD, président de la CGPME

Jean-François Roubaud, président de la CGPME, nous a fait l’honneur d’intervenir lors du petit déjeuner du Club de l’Audace sur le thème : « Quelle place pour les PME dans notre économie ? »

Intervention de Jean-François Roubaud
Le président a tenu à rappeler la place importante qu’occupent les PME dans l’économie française. Ces entreprises représentent en France 55% des chiffres d’affaires, 57% de la valeur ajoutée, 46% des effectifs salariés, 40% des exportations et enfin 66% des investissements. Les PME sont un véritable moteur pour l’ensemble de l’économie du pays. Même si la mondialisation est un défi important qui génère de nouveaux enjeux, et malgré la crise, les petites entreprises ont réussi à maintenir leur activité.
La France compte moitié moins d’entreprises entre 10 et 45 salariés que l’Allemagne. Cette situation s’explique par les coûts élevés du dépassement du seuil de 50 salariés. Il souligne l’importance des PME, elles créent de l’emploi, elles sont accrochées à leur territoire, ce qui leur permet de résister à la crise. Les soutenir revient donc à renforcer l’économie française face à ses enjeux actuels.

Les relations entre TPE / PME et les grandes entreprises sont encore trop dominées par des relations de type dominants / dominés. Pour comprendre le fossé qui existe entre les petites et les grandes entreprises, on peut prendre l’exemple des critères qui permettent d’évaluer la rentabilité. Souvent, cette dernière est appréciée selon les principes qui s’appliquent aux grandes entreprises. Pourtant, il est nécessaire de prendre en compte la situation spécifique des TPE / PME.
Faciliter l’activité des TPE / PME passe par la simplification des démarches administratives. Suivi avec attention par Jean-François Roubaud depuis 5 ans, ce dossier a vu émerger plusieurs propositions. Citons l’initiative du « coffre-fort numérique », qui permet aux entreprises de transmettre leurs données à l’administration. On pourrait aussi imaginer un bulletin de paie simplifié (quelques lignes), dont le détail serait fourni au salarié à sa demande.

Si les TPE / PME sont un pilier de l’économie française, elles manquent cependant de moyens qui les incitent à innover. Comment remédier à ce problème ? Le crédit impôt recherche (CIR) pourrait être étendu au domaine de l’innovation en accélérant l’utilisation des brevets par les entreprises. EDF dispose par exemple de 6 000 brevets actuellement inexploités, qui pourraient être mobilisés par les entreprises. Il faudrait favoriser l’accès au financement pour les crédits de moins de 25 000 € et développer l’export.
Il y a 5 ans, on comptait en France 120 000 entreprises qui exportaient. Aujourd’hui, elles ne sont que 90 000. Des dispositifs de soutien à l’exportation existent, mais il est indispensable de créer les conditions qui donnent envie aux chefs d’entreprise de travailler avec les pays étrangers. Pour cela, il est nécessaire d’expliquer aux patrons de TPE / PME que leurs produits seront bien accueillis à l’export. Il est important de grouper les TPE pour créer des ETI virtuelles.

Plusieurs questions et réflexions sont soulevées par les participants :

  • Comment faire comprendre aux parlementaires à quel point il est difficile de créer une entreprise ? Un exemple comparant la facilité de création d’entreprise au Canada – deux semaines suffisent – à la lourdeur administrative française – plusieurs mois – a efficacement résumé la situation actuelle des entrepreneurs français ;
  • Les politiques d’aide aux entreprises profitent souvent aux mêmes. Aujourd’hui, pour éviter l’ISF, des contribuables confient à des fonds d’investissement la mission de placer leur argent. Ceci détourne l’idée originale qui était que des patrons d’entreprises investissent, conseillent et suivent l’évolution de TPE /PME ;
  • N’y a-t-il pas d’autres manières de communiquer autour des propositions des entreprises ? Internet pourrait être un nouveau levier pour transmettre les projets que soutiennent les TPE / PME : les réseaux sociaux doivent être les nouveaux terrains d’expression des chefs d’entreprise.
  • En ce qui concerne les salaires des patrons, il suggère de les limiter et pense qu’un patron ne doit pas être rémunéré de manière outrancière par rapport aux salariés. Même si les stocks-options sont aujourd’hui décriés, il faut reconnaître leur utilité notamment pour les PME : ils rémunèrent la prise de risques des patrons.L’Etat soutient les entreprises par sa politique, mais il peut également devenir une source de problèmes. Soutenue par la CGPME, l’idée d’inscrire dans la constitution le principe de la non rétroactivité des mesures destinées aux entreprise mettrait fin aux changements trop nombreux des politiques de l’Etat : combien de mesures ont été suivies de contre mesures ? Ces modifications de la politique de l’Etat génèrent des coûts importants pour les entreprises. Désormais, en plus de l’Etat français, il faut prendre en compte l’Union européenne : le nouveau lieu des négociations pour défendre les intérêts des entreprises se trouve à Bruxelles. La CGPME y est très présente afin de pouvoir se tenir au courant de tous les projets européens. Elle veille à défendre à la fois la place des TPE / PME françaises et les principes fondateurs de l’Union européenne.Jean-François Roubaud a insisté sur la nécessité de renouveler la vision de l’entrepreneuriat. Il a récemment engagé des partenariats avec les entreprises de l’économie sociale, qui représentent 1 million de salariés, et qui défendent le rôle social des TPE / PME. Cette prise en compte des nouveaux acteurs est une opportunité : ce sont autant de nouveaux soutiens, de sources de richesse, de créativité et de diversité qui viennent enrichir le monde de l’entreprise.Biographie de Jean-François Roubaud
    Jean-François Roubaud est président de la CGPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises) depuis octobre 2002.
    Il a été réélu le 12 janvier 2005 puis le 20 janvier 2010 pour un mandat de 5 ans.
    Il s’est notamment engagé à tout mettre en œuvre pour :
  • faciliter l’accès au financement des TPE / PME
  • faire en sorte que le dialogue social dans les TPE reste basé sur la confiance et la proximité entre le chef d’entreprise et ses salariés
  • replacer les PME au cœur de la politique sociale de la France.
  • Administrateur d’Ubifrance, membre du Comité d’orientation de France Investissement et membre du Conseil économique, social et environnemental, il est par ailleurs vice-président du Conseil d’administration d’OSEO.
    Il est également vice-président de l’UEAPME (instance européenne de représentation des PME).