Les expulsions, un drame banalisé

Bernard DEVERTL’expulsion du logement est une mesure grave de conséquences pour se voir rejeter violemment du corps social : « vous n’avez plus votre place ici ».
Aller où ? Rejoindre les assignés à la résidence des trottoirs ; plus de 28 000 sont dénombrés pour la seule ville de Paris, 144 000 sur le territoire.
Les grandes villes étalent leur richesse sans trop s’indigner d’une telle exclusion.
Que d’incompréhensions et de malentendus esquivent la réalité ; d’aucuns pensent que l’expulsion est une sanction légitime infligée aux mauvais payeurs.
Certes, ils s’en trouvent, mais la grande majorité des expulsés sont des familles ou isolés au bout du bout de l’espoir.
L’expulsion est refus d’une possible réhabilitation, oubliant que l’absence de toit est un effacement du soi.
Le chômage massif, la perte de santé, les ruptures affectives, sont autant de malheurs innocents, cause du nombre grandissant d’exclus. Comment s’en étonner dans un moment où les fragilités s’aggravent.
Nombre d’expulsés sont confrontés à un « reste pour vivre » qui ne permet plus d’avoir un toit. Le constat est inquiétant et douloureux.
Avec ATD Quart-Monde, nous avons « arraché », dans le cadre de la loi Duflot, que les surloyers viennent atténuer la charge locative des plus pauvres. Que de familles, de par le jeu de cette opportune mutualisation, trouveraient un nécessaire soutien. Le législateur, pour avoir retenu ce dispositif comme une option, l’a rendu inopérant.
Trop de logements manquent, trop de loyers et charges exigent de leurs occupants un tel taux d’effort que les plus vulnérables craquent : ‘je n’en peux plus’.
Qui entend ce cri ? Quelle duplicité que de l’habiller d’alibis qui ne résistent pas à l’épreuve des faits, sauf à considérer que les pauvres sont coupables de leur sort.
Où allons-nous pour nous mettre à une telle distance de ceux frappés par le malheur innocent. A malmener la cohésion sociale, la Société se met en danger de ruptures.
La campagne présidentielle sera-t-elle un moyen pour se faire entendre. Nous nous y emploierons.
En attendant les grandes décisions ou les promesses, promettons-nous d’agir pour ne point punir les exclus parce que trop, c’est trop. A continuer ainsi, cela va mal finir.
Des possibilités existent, via le dispositif propriétaire et solidaire ou l’investissement dans la finance solidaire, pour bâtir autrement en privilégiant l’habitat des plus vulnérables.
Au cours de cette trêve « n’hibernons » pas les drames ; il nous appartient de ne pas les tolérer pour ne point pactiser avec les situations déshumanisantes.

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