Fête de l'Assomption

bertrand-devert-fullwidthAu 15 août, si l’été décline et les jours baissent, les textes en la fête de l’Assomption ne parlent que de lumière : Marie ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête (Ap. 12,1).
Marie, suivant le poème de Dante, ennoblit notre humanité pour nous conduire vers des sommets. Les atteindrons-nous, je ne sais, mais se mettre debout pour les gravir est déjà une ouverture transformatrice de la vie pour lui conférer du sens.
Le sommet, pour n’être point un lieu, n’est pas le ciel. On ne va pas au ciel, on devient le ciel dans la perspective où ce grand poète et spirituel que fut Maurice Zundel dit que le ciel, c’est le cœur. L’expression surprend mais l’amour toujours bouscule les idées qui enferment.
Souvenons-nous du Père Jacques Hamel, poignardé alors que son amour est désarmant comme celui-là même qu’il célèbre.
Gardons en mémoire l’engagement du Père Maximilien Kolbe déporté à Auschwitz ; il fit surgir, sur ce lieu de l’enfer, le ciel au sens zundélien du terme.
Des SS rassemblent par colonnes des hommes dont les plus vulnérables sont envoyés dans des fours crématoires. Un père de famille est retenu pour être jeté dans la fournaise. Alors, un frère de Saint-François sort des rangs. Il fait face aux bourreaux et prend la place de cet homme. Une mort acceptée, donnée, par-donnée au-delà de la barbarie dont l’horreur n’a d’égal que la bestialité de penser anéantir la vie alors que là où elle est donnée, jamais elle ne sera volée ; elle est hors d’atteinte, inviolable.
Magnifique, cette traversée des ténèbres pour être une ascension, j’ose dire une assomption.
Aller vers les sommets, c’est prendre le risque du très bas, suivant le beau livre de Christian Bobin. Savoir quitter les sécurités pour débusquer l’indifférence meurtrière observant qu’entre l’homicide psychologique et l’homicide réel, il n’y a qu’une différence de circonstance, comme le souligne la parabole du Bon Samaritain.
Le Lévite et le prêtre changent de trottoir pour ne pas vouloir porter assistance à l’homme roué de coups.
Marie pour les chrétiens, Myriam pour nos frères musulmans, ne cesse de nous inviter à vivre des déplacements intérieurs. N’est-elle pas celle qui, dans sa maternité de l’essentiel, trace de l’éternel, nous aide à prendre de la hauteur non pas pour surplomber les réalités mais pour s’inscrire dans des espaces de tendresse.
Dans les heures difficiles traversées, l’urgence est de risquer cette bienveillance pour comprendre que le prochain est celui à qui nous prêtons attention.
Ensemble, associés à des programmes qui concourent à cette mission, nous éprouvons la joie de bâtir des ponts pour que le caractère sacré de la vie ne soit pas enfermé derrière des murs.
Ensemble, nous n’acceptons pas que les personnes en perte d’autonomie, isolées et sans ressources, se trouvent sans soutien au soir de leur existence.
Ensemble, nous refusons que des centaines de milliers de familles recherchent vainement un logement. La fraternité n’est pas un mot creux, elle creuse une source d’énergie pour s’élancer vers des ciels dont la lumière est celle de la générosité et de la responsabilité.
Ensemble, nous ne pouvons admettre que des mamans et des enfants connaissent la rue. Une situation déshumanisante qui suscite, certes, des indignations ; s’impose une mobilisation pour répondre à la question « Qu’as-tu fait de ton frère ».
Ensemble, nous voulons apporter une contribution à ce drame humanitaire que représente l’exode de personnes devant quitter leur terre pour être pourchassées par la haine.
C’est en regroupant nos forces que nous parviendrons à mieux faire entendre et faire comprendre que l’urgence pour gagner la guerre est de faire gagner la paix.
Cette unité nous la construisons ensemble pour être davantage des serviteurs de la cause des pauvres.
Cette prière à Marie n’est-elle pas chemin d’espérance.

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