Il suffit d’un peu de tendresse pour que la vie soit changée…

Bernard DEVERTMartine quitte le service d’urgence de l’Hôpital Saint Joseph, Saint Luc, pour être accueillie à l’Espace Emmanuel Mounier, sur l’ancien site des prisons de Lyon, devenu un campus universitaire de 10 000 étudiants.
Habitat et Humanisme, en concertation avec l’Université, a construit 140 logements, dont 30 sont destinés à des personnes qui, au sortir de l’hôpital, ne peuvent pas bénéficier de soins à domicile, faute d’un toit, ou en raison de leur isolement.
Une utopie pour les uns, une confiance transformatrice des relations pour les autres, pour inviter les étudiants à faire de ce lieu un espace du « prendre soin ».
Il convient de souligner que les professionnels du soin se sont singulièrement investis pour faire émerger ce programme.
Martine est non seulement blessée dans son corps, mais elle l’est aussi dans son âme, d’où la question qui la hante : ‘il n’y a donc personne pour comprendre, personne pour entendre’.
En ce jour du mois d’octobre 2016, il y a précisément quelqu’un, Eléonore, étudiante en psychologie et résidente sur ce site.
La vie a souri à Eléonore depuis son enfance. Que de différences entre ces deux êtres qui ne vont pourtant pas se croiser, mais se rencontrer.
Martine, isolée, pensait qu’elle n’était rien pour n’avoir rien ; elle découvre qu’elle est quelqu’un, on s’intéresse à elle parce qu’elle est simplement elle.
Que s’est-il donc passé ?
Rien d’extraordinaire, au sens où notre culture entend l’expression, mais des signes renouvelés de l’attention qu’Eléonore lui porte.
Martine malade, Eléonore l’aide à préparer ses repas, l’invite dans son studio pour partager des déjeuners, lui fait entrevoir des perspectives inconnues.
Si Eléonore, de par son éducation est éloignée de la « pauvre petite fille riche », elle s’éveille à une joie insoupçonnée jusque-là, celle de servir.
Martine ne va pas seulement guérir dans cet espace d’humanité, elle va naître à une relation nouvelle qui la fait exister autrement.
« Le beau sauvera le monde », dit Dostoïesvski. La générosité en est finalement le chemin.
Sur ce campus, via ces logements, près de 100 étudiants, comme Eléonore, sont des acteurs d’une grande école de fraternité sur ce site universitaire.
Une école où chacun apprend à être un maître d’humanité saisissant que, pour le devenir, il faut demeurer l’élève des êtres fragilisés.

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