La crise des EHPAD, un appel à prendre soin des soignants

Le 15 avril, une date importante : le Chef de l’Etat confirme – dans une interview qui restera dans les annales – la prise en compte du cinquième risque, la dépendance.

Emmanuel Macron, reconnaissant la nécessité d’investir et de médicaliser les EHPAD, propose un calendrier, deuxième semestre 2018 pour une présentation du financement du grand âge, début 2019.

La colère montante des soignants dans les établissements est entendue par le Président de la République ; il la reconnaît légitime. N’a-t-elle pas fait l’objet d’une manifestation exemplaire le 30 janvier sur l’ensemble du territoire, les soignants défendant, non pas des intérêts catégoriels, mais les patients.

Ainsi, les résidents ne furent pas captifs de ce mouvement de grève, au demeurant fort bien compris de l’opinion, saisissant avec l’éclatement du vieillissement, la difficulté des soignants. Nombre d’entre eux, au sein des maisons médico-sociales, prennent désormais en charge le soin palliatif. Infirmières et aides-soignants se trouvent ainsi confirmés et confortés dans leur mission.

Les aides-soignants en charge du prendre-soin ont un veilleur inexorable, l’horloge, imposant des toilettes à effectuer en 7 mn, soit une durée inférieure de trois fois à celle des personnes en bonne santé.

Quelle frustration ! En allant trop vite, ne passe-t-on pas à côté de l’essentiel aggravant le ressenti amer de bien des patients qui, éprouvant déjà leur inutilité, ont le sentiment d’être une charge.

Le respect commence là où l’on se met au diapason de l’autre ; alors, seulement, surgit une harmonie. Ce moment de l’intime, lié à la toilette, ne serait-il pas à privilégier pour que le dévoilement du corps permette un lâcher-prise, à commencer par le récit de ces nuits lézardées par l’isolement et l’angoisse de la mort.

Le soignant, de par sa mission pour partie vocationnelle, souffre d’observer que son engagement se réduit trop souvent aux seuls actes à poser. Or, l’ordonnance ne dit pas tout ; demeure cette part manquante qui n’intervient que si la complicité jaillit. Il faut là encore du temps.

Ce matin, je rencontrais un homme au soir de sa vie. Assis au bord de sa chaise, seul, il était comme perdu. Il me dit être médecin neurologue. Atteint d’un parkinson, il me partagea difficilement ce qui l’animait. L’écoute illumina son regard, j’ai quitté un vivant.

L’humanité s’évalue à l’aune de l’attention à la fragilité

La tendresse est un soin qui n’a pas de prix ; elle est attendue, espérée.

L’acronyme EHPAD est à revoir. Ce mot affreux d’établissement, synonyme d’anonymat, de normes doit être supprimé pour lui préférer celui d’hospitalité, un accueil au sein duquel la fragilité est prise dans sa dimension soignante et humanisante.

Qu’est-ce que le soin s’il n’est pas accompagné d’empathie, de générosité. La Nation, en prenant en charge ce temps nécessaire aux soignants et aux soignés, donnerait à la fraternité une acuité renouvelée renforçant la cohésion sociale. Qui refusera cette valeur républicaine à nos aînés en situation de vulnérabilité.

Quand la vie laisse entrevoir la finitude, s’impose une ‘humanitude’.

Au soir de l’existence, tel le coucher du soleil, la lumière transforme le regard. Une douceur s’opère. Les rides ne signent pas l’agression du temps, elles traduisent l’énergie mobilisatrice d’une vie, si riche de sens que son effacement laisse entrevoir le déjà-là d’une promesse, secret du cœur et de l’esprit.

Soyez audacieux, exprimez votre point de vue !

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