Le 18 juin, plus qu’un anniversaire, la mémoire d’un avenir qui honore

bertrand-devert-fullwidthAu temple de la reconnaissance de la République, sont entrés Geneviève de Gaulle, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay.
Il nous faut entendre l’allocution de Pierre Brossolette le 18 juin 1943, jour du troisième anniversaire de l’appel du Général de Gaulle : « La France combattante n’a été qu’un long dialogue de la jeunesse et de la vie. Les rides qui fanaient le visage de la Patrie, les morts de la France combattante les ont effacées ; les larmes d’impuissance qu’elle versait, ils les ont essuyées… Ce qu’ils attendent de nous, ce n’est pas un regret, ni un serment. Ce n’est pas un sanglot, mais un élan. »
Les regrets sont hors d’âge et de propos. C’est de cet élan dont nous avons besoin à un moment où notre Pays est occupé par l’ennemi, la misère, qui, subrepticement, assassine l’espoir et envahit les esprits d’un péril défaitiste alors que l’heure appelle à la mobilisation pour que les plus vulnérables ne sombrent pas.
La misère éclate ; elle fait sourdre les angoisses. Les experts annoncent une embellie économique mais sans impact encore sur la courbe du chômage. L’inquiétude est grande avec comme « ligne Maginot » le rempart d’une crise qui n’en est pas une, s’agissant d’une mutation qui, comme telle, est un appel à changer et à faire changer.
Les lieux d’engagements seraient-ils désertés pour leur préférer les abris habités par l’alibi de ne point monter au front de l’inacceptable, comme si la lutte contre le malheur n’était pas un juste et impérieux combat.
Qui n’entend pas les propos dommageables à l’égard de ceux que la vie fragilise. Déjà sans défense, il leur faut encore subir les assauts injustes de ceux qui osent les présenter comme des coupables.
L’appel du 18 juin est refus de pactiser avec l’inacceptable. Il revêt une actualité pour résister à l’ignominie qu’est l’instrumentalisation des précarités. Force est de constater qu’elles le sont.
Quel mépris de la fragilité et par là même de la vie pour :

  • fermer les portes à ceux qui, condamnés à l’exil, n’ont aucun espoir d’un possible exode. 500 000 enfants nés sur notre sol, pour avoir des parents venus d’ailleurs, se trouvent confrontés à un monde sans avenir.
  • préconiser l’isolement alors que la question des migrants doit être traitée au niveau international. Sans doute faut-il demander à l’Europe qu’elle s’empare fermement de cette question pour que ne s’amplifie pas le drame des cimetières marins.
  • attiser la haine et l’ostracisme à l’égard de ceux qui sont autres.

L’heure est à la résistance ; personne ne peut dire : « je ne sais pas ».
Assez de ces querelles sur la question du malheur. La seule attitude noble et courageuse est de trouver un modus operandi pour que cessent les violences que connaissent les plus fragiles rejetés de l’accès au travail et au logement.
Est-il supportable que des enfants soient victimes de leur abri d’infortune.
La semaine écoulée, c’est encore un enfant, attaqué sauvagement par des rats. Ne me demandez pas quelle est sa nationalité ; il est un enfant. Cela ne suffit-il pas pour qu’il soit protégé.
A ce drame n’ajoutons pas celui de la ségrégation.
Un autre garçon de 18 ans, Bakary, menacé physiquement, a dû quitter le Mali il y a trois ans en raison de la guerre civile qui fait rage. Un périple incroyable qu’il fit seul. Sa traversée témoigne d’un désir de vivre qui ne saurait nous laisser indifférents.
Refuser de l’aider, c’est mépriser courage et audace. Ne serait-ce pas finalement donner raison, du moins passivement, à ces factions criminelles voulant l’enrôler dans leur folie meurtrière.
Si pour résister, il a dû fuir, il n’a pas oublié de se construire en humanité.
L’Unicef dresse un bilan alarmant, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, 30 000 sont sans domicile, 9 000 habitent des bidonvilles et 140 000 arrêtent l’école chaque année.
Le fonds des Nations-Unies pour l’Enfance dans son rapport du 9 juin souligne qu’entre 2008 et 2012, 440 000 enfants ont plongé avec leurs familles dans la pauvreté.
Des familles monoparentales, essentiellement des mamans avec leurs enfants, sont confrontées à une telle précarité que le prix du loyer s’avère impossible à supporter pour être en rupture avec leurs ressources.
Alors les incertitudes du lendemain s’aggravent, la vie devient un combat inégal pour survivre.
Souvenons-nous, chaque jour des centaines de milliers de personnes s’interrogent où vais-je dormir. Ce naufrage de la liberté signe un temps de barbarie. Allons-nous continuer à l’accepter.
Que se lèvent des résistants pour que la liberté d’exister soit reconnue comme un bien pour tous. Là où elle est sacrifiée, grandeur et noblesse s’étiolent.
Téléchargez le discours de Pierre Brossolette prononcé à l’Albert Hall à Londres le 18 juin 1943

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