Le mécénat d'entreprise, signe d'une éthique en mouvement
Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix, dans son dernier ouvrage : « Une économie à trois zéros » zéro pauvreté, zéro chômage, zéro émission de carbone », n’esquive pas les difficultés pour y parvenir, relevant que la première d’entre elles est d’ordre anthropologique : quitter la vision pessimiste de l’homme pour le considérer comme un égoïste.
Qui peut contester une recherche qui s’est accélérée avec la crise financière de 2008, pour une meilleure attention au bien commun et/ou à l’intérêt général.
L’économie solidaire, fut-elle encore insuffisante, traduit la prise en compte de la question du sens qui interroge non seulement la micro mais aussi la macro-économie.
Les étudiants, sortis de Grandes Ecoles ou des Universités, donnent le primat aux activités créatrices d’un « autrement » ; la réussite personnelle, via le salaire, ne se présente plus comme un critère suffisant pour s’investir.
L’entreprise doit désormais partager ses valeurs managériales et s’engager à réduire les inégalités, ce fléau mondialisé, secrétant des violences d’autant plus fortes qu’elles sont cachées.
L’entreprise, dès lors qu’elle lutte contre les fractures sociales, trouve une réelle et juste reconnaissance. Nous sommes à un moment de l’histoire où il est possible, parce qu’espéré, de susciter un autre monde. L’heure n’est plus seulement de le rêver, elle est celle de le bâtir.
La masse monétaire est considérable ; les liquidités sur les marchés financiers représentent plus de 180 Mds d’euros. Cet argent flottant coule à flot. Une des questions est celle de sa mobilisation qui ne peut pas seulement se décréter mais doit être portée, via une vision dynamique et transformatrice des relations financières à laquelle le mécénat n’est pas étranger.
Ne soyons pas pessimistes, un chemin est déjà parcouru. Qui reprochait, il y a seulement 5 ans, à des dirigeants d’entreprises de maximaliser le profit et d’optimiser l’aspect fiscal. Cette approche, si elle n’est pas encore répréhensible sur le plan légal, devient une faute sur le plan moral ; elle relève, dans le meilleur des cas, d’une pratique de l’ancien monde.
Les ruptures dramatiques entre les continents, mais aussi à l’intérieur même de ceux-ci, deviennent insupportées, parce que de fait insupportables, d’où le développement d’un mécénat d’entreprise qui longtemps fut réservé au financement culturel mais qui s’associe à des actions luttant contre la précarité et la pauvreté.
Nous assistons à une convergence entre culture et solidarité.
Que d’entreprises nous demandent d’inviter des cadres, pas seulement pour leur présenter la philosophie de notre démarche, mais pour une rencontre concrète avec des personnes laissées pour compte.
L’indifférence se brise.
Que se passe-t-il alors ? Un échange – un apprivoisement entre le champ lucratif et non lucratif. Les intervenants au sein de ces deux sphères ne mettent pas en avant ce qui les sépare mais bien ce qui peut les réunir pour effectuer conjointement des réformes pour une Société moins fracturée.
Il convient de saluer le mécénat de compétence qui apporte une incontestable professionnalisation de l’activité caritative, associative ; dans le même temps que de responsables d’entreprises prennent aussi conscience d’une responsabilité pour transformer
L’échange entre ces deux champs d’activités co-construit une économie nouvelle.
A l’observation de ces faits, nous pouvons légitimement poser la question : « Qu’est-ce qui est le plus fort, les liens ou l’argent » ? J’ai la faiblesse de penser avec le Petit Prince que ce sont les liens, ils permettent d’apprivoiser un monde nouveau. Qui ne l’attend pas.
Soyez audacieux, exprimez votre point de vue !