Le respect, une des clés qui suscite et facilite les réformes

Bernard DEVERTLe mouvement social du 30 janvier avait pour objectif de mettre en lumière le désarroi de bien des personnes âgées dépendantes, fragilisées socialement, mais aussi celui des soignants.
L’action ne s’est pas présentée comme une revendication catégorielle, s’agissant d’alerter les Pouvoirs Publics et l’opinion quant à l’isolement que connaissent trop de personnes, confrontées à l’âge et à la dépendance, se considérant comme inutiles ; le personnel soignant a le sentiment de n’être rien ou peu, pour ne pas être reconnu.
Comment en est-on arrivé à ce que la vie ne soit protégée que là où elle crée du profit. Quelle mémoire avons-nous de ceux qui ont donné la vie, donné de leur vie. Serions-nous tombés dans un productivisme aliénant la mémoire pour ne valoriser que l’espace « temps », où la personne jouit de sa pleine capacité physique ou psychique.
Viendra peut-être un jour où l’intelligence artificielle, pour nous dépasser, fera comprendre que nous sommes peu utiles, quel que soit l’âge.
Il faut tenir au fait que l’humanisme est indépassable et qu’il ne saurait s’évaluer à l’aune de la performance. Au jeu de la puissance, tous, absolument tous, sommes certains de perdre.
Ce 29 janvier, les résidents et le personnel de la Maison Lépine-Versailles, sous l’égide du Maire de Versailles, de la Présidente de la Caisse Nationale de Solidarité et d’Autonomie, du Directeur Délégué de l’Agence Régionale de Santé et de la Vice-présidente du Conseil Départemental des Yvelines, inauguraient non pas d’abord leur nouveau bâtiment, mais une nouvelle approche de leur lieu de vie et de travail.
Une belle aventure commencée, il y a 4 ans, dans la détermination partagée de tous les acteurs à bâtir un « autrement » offrant aux aînés un lieu de vie qui les honore.
L’engagement de tous les acteurs fut le respect, pas seulement une sagesse mais l’expression d’une dynamique offrant à la vie son caractère indépassable, quels que soient les troubles qui l’assaillent.
L’innovation est trace de ce respect, s’agissant de refuser les fatalités qui flirtent avec le découragement, chemin de deshumanisation altérant le sens de la vie.
Respecter, c’est grandir, faire grandir, s’approcher des sommets là où l’essentiel toujours converge.
L’opération obligea à une avancée juridique et financière qui n’est pas restée étrangère à des chercheurs au sein d’Universités, ni au Conseil de l’Europe.
Juridique avec la création une première en France d’une société coopérative d’intérêt collectif, gestionnaire de la maison. A dessein il n’est pas parlé d’EHPAD, s’agissant du domicile de la personne. Le « chez-soi », ce lieu de l’intime n’est pas compatible avec l’anonymat et l’indifférenciation d’un établissement.
Cette entité fait place aux résidents, soignants, familles, bénévoles, via leurs Collèges respectifs, concourant à la vitalité de l’espace, école d’humanité.
Innovation financière avec la mobilisation d’une importante épargne privée, à vocation solidaire. La SCIC fut portée non par des personnes qui se réunissaient en vue de partager des bénéfices, mais pour favoriser une économie répondant à une mission, le bien commun.
Toute gestion nécessite un arbitrage. Des différences ont surgi, sans être des divergences, d’où constamment la volonté de trouver des accords, une chance pour la finalité recherchée, l’harmonie.
Quelle joie ce 29 janvier ! Tous éprouvèrent une heureuse fierté qui n’avait rien d’orgueilleuse, relevant de ce supplément d’âme que fait naître le sens du service, traversé par la gratuité.

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